Fatigue, stress et blessures sont souvent monnaie courante pour un sportif. Cela arrive surtout lorsqu’il dépasse les limites imposées par son corps. Et si écouter son corps était la solution pour durer et pour progresser? Que veut dire « écouter son corps »?
« La douleur c’est la faiblesse qui quitte le corps »; « sans douleur, il n’y a pas de progrès »; » à moins que tu ne vomisses, t’évanouisses ou meurs, continues! ». Voici un échantillon de citations censés booster notre motivation et qui nous invitent à outrepasser nos limites. Elles sont omniprésentes: blogs, salles de fitness, réseaux sociaux… Mettre son corps en sourdine serait la solution pour progresser et être toujours plus performant. Le message qu’elles font passer n’est pas sans danger. Certes, un sportif est en recherche constante de progression. Les signaux que nous envoie notre corps peuvent alors sembler ennuyeux voire contraignants, ralentissant nos progrès. Mais qu’arrive-t-il lorsque nous ne les écoutons pas, que nous fonçons tête baissée et que nous épuisons toutes nos ressources? Bonjour tendinites, entorses, claquages, fractures de fatigue… nous obligeant à arrêter notre pratique sportive un certain temps. L’arrêt forcé, voilà ce que redoute tout sportif.
Et si, plutôt que de voir notre corps comme un rabat-joie ou comme un ennemi, nous le voyons comme un ami bienveillant qui nous avertit d’un danger. Arrêtons de penser que les blessures ne sont qu’une expression de malchance, mais voyons les comme le résultat d’une mauvaise gestion d’entraînement. Que faire pour être plus attentif et reconnaître nos limites ? La bonne nouvelle c’est que notre corps est naturellement habilité à le faire. Il nous avertit tel un signal lumineux apparaissant sur le tableau de bord d’une voiture. Il nous prévient lorsque nous avons faim ou soif, lorsque nous avons besoin de plus d’heures de sommeil, lorsqu’il nous faut manger plus de chocolat et aussi lorsque nous nous surentraînons. Tous ces signaux sont pour notre bien et pour nous éviter de tomber malade ou de nous blesser. Au lieu de combattre notre corps en pensant savoir ce qui est le mieux pour nous, écoutons ce qu’il a à nous dire.
Écouter son corps ne vient pas d’un simple tour de main. Il nous faut entraîner petit à petit notre cerveau à reconnaître nos points faibles et nos points forts. Ce faisant nous créerons un dialogue avec notre corps et nous serons donc plus à même à écouter les sensations, à identifier les dangers et à adapter notre entraînement. Comment créer ce dialogue?
Voici quelques suggestions. Premièrement, après chaque séance de sport demandez-vous: comment est-ce que je me sens? Était-ce un bon entrainement? Est-ce que je suis satisfait? Pour un meilleur suivi, tenez un journal d’entraînement. Cela nous permettra d’identifier les signaux et d’en discerner les causes. On est d’accord, il est plus facile d’entendre les signaux de notre corps lorsqu’on sait quoi écouter. Voici quelques signes avertisseurs communs:
– la douleur
« Ça va passer »; « Ça doit juste être une courbature »; « ‘J’ai un peu trop forcé à l’entraînement, mais ça passera avec une bonne nuit de repos ». Comment gérer la douleur? Bien souvent, la douleur est vite réprimandée et mise aux oubliettes. Attention à ne pas être trop optimiste ou dans le déni. Toutes douleurs sont à prendre en compte. Certes, toutes ne sont pas graves. Il faut arriver à faire la différence entre une douleur dite « normale », qui n’est que passagère, et une douleur « anormale », qui nécessite alors un changement dans notre programme d’entraînement. (un prochain post vous aidera à identifier les douleurs et à avoir les bons reflex). Partons du principe qu’une douleur persistante ou une douleur dont l’intensité augmente, n’est pas à prendre à la légère. Cependant, pas besoin de vous alarmer. La plupart du temps, les douleurs sont dues à des restrictions du fascias et à des nœuds musculaires. Dans ce cas, abusez de séances de stretching, de foam roller et de massages. Permettez aussi à votre corps de se rétablir en rallongeant vos temps de récupération. Prendre en compte ses douleurs, ralentir et adapter son rythme, c’est éviter de transformer certaines douleurs en blessures.
– la fatigue
La fatigue peut avoir plusieurs causes. Elle peut survenir à la suite d’un épisode infectieux, d’une surcharge de stress, de troubles du sommeil, de carences en vitamines et minéraux mais aussi d’un programme d’entraînement inadapté. Cela peut arriver lorsque les séances sont trop rapprochées, que la récupération est trop courte ou lorsque l’intensité et la durée des séances sont inadaptées à notre niveau sportif.
L’alimentation a, quant à elle, aussi son rôle à jouer. Le monde du sport prône une multitude de régime. Il est souvent difficile de s’y retrouver. Pourtant, une alimentations saine et équilibrée reste ce qu’il y a de plus sûre. Attention toutefois à manger suffisamment. Un déficit calorique pourrait ne pas suffire à compenser les dépenses énergétiques, et épuiserait progressivement toutes nos réserves. Faire la sourde oreille peut avoir de graves conséquences et conduire progressivement à une baisse de performance. Mais plus important encore, cela amène au surentraînement voire même à l’épuisement. Surveillez donc vos heures de sommeil et votre assiette!
– les troubles du sommeil
« Le sommeil est le maître des vertus ». Des études ont démontré qu’une activité physique régulière améliore la qualité du sommeil. Mais l’inverse peut aussi être vrai. Comment cela? De part notre rythme de vie, nous avons pour habitude de nous entraîner le soir. Pourtant, l’activité sportive est synonyme d’excitation et donc retarde l’endormissement. Lorsque nous faisons du sport, la température de notre corps augmente, engendrant des changements hormonaux. Pendant et après l’effort, notre cerveau libère de grosses quantités d’endorphines, un neurotransmetteur responsable de la sensation du bien-être, du sentiment de relaxation mais aussi source d’excitation. C’est pour cela qu’il est fortement déconseillé de pratiquer une activité sportive intense le soir. Privilégiez plutôt les sports à faible intensité tels que la marche, le stretching, le pilates et le yoga. Si vous ne pouvez faire autrement, essayez de terminer votre séance au moins trois heures avant d’aller vous coucher. Toutefois, le moment idéal pour faire du sport reste le matin, la pause de midi ou même l’après-midi. Retenons que tout est question d’horaire et d’intensité. Le sport, pratiqué au bon moment avec une intensité contrôlée, ne provoque pas de troubles du sommeil.
» Qui va piano va sano, qui va sano va lontano ». Plutôt que de vouloir contrôler notre corps et de le tenir en bride, soyons à son écoute. Prendre en compte les signaux qu’il nous envoie, est synonyme de performance et de durabilité . Vous l’aurez compris. Tout est question d’équilibre. Alors, ne vous prenez pas pour des héros ni ne devenez hypocondriaque. Car dans le sport, si on n’écoute pas son corps on devient vite des zéros.